IMMUNITE et CHIMIOTHERAPIES ANTI-CANCEREUSES

Au cours des chimiothérapies anti-cancéreuses, il est habituel de surveiller la numération des globules sanguins (NFS plaquettes) avant chaque cure.

Les chimiothérapies sont des toxiques cellulaires destinés à détruire les cellules cancéreuses. Cependant, ces traitements ne sont pas spécifiques des cellules cancéreuses. Ils sont également toxiques pour les cellules saines, en particulier  celles qui se renouvellent rapidement.  Normalement, entre chaque cure, les tissus sains récupèrent théoriquement le nombre de cellules qu’ils ont perdu. Contrairement aux cellules malignes, les tissus sains normalement formés, ont un système de résilience théoriquement suffisant pour permettre une réparation malgré le passage toxique de la chimiothérapie.

Les cellules sanguines ont physiologiquement un potentiel de multiplication important :

  • les globules blancs ou leucocytes  et les plaquettes se renouvèlent tous les 8 jours,
  • les globules rouges tous les 120 jours.

En cancérologie, la numération globulaire des malades traités est régulièrement prescrite. Certaines catégories de cellules qui sont finement analysées.  En effet, lorsque les globules blancs  appelés polynucléaires neutrophiles sont en nombre insuffisant, cela induit un risque d’infection et un report de la cure de chimiothérapie peut être décidé. Lorsque les plaquettes baissent, cela induit un risque d’hémorragie et quand il s’agit des globules rouges,  c’est une majoration de la fatigue.

Les globules sanguins sont surveillés et le feu vert de démarrage de traitement n’est donné que lorsque les valeurs de ces différents globules  soient suffisantes pour  la chimiothérapie prescrite.

Au cours de cette surveillance, il y a une catégorie de globules blancs qui attire peu l’attention. leur diminution est plus lente . Elle est rarement un facteur de modification du rythme ou de l’intensité des traitements. En cancérologie, au cours des chimiothérapies, c’est le plus souvent un non-événement. la baisse des LYMPHOCYTES et MONOCYTES attire peu l’attention.

Cependant les lymphocytes et les monocytes sont une part essentielle du système immunitaire. Ils participent également à la défense corporelle ainsi qu’ à la réparation tissulaire.

LE SYTEME IMMUNITAIRE

L’immunité est un ensemble de processus qui nous permet de lutter contre les agressions diverses et maintenir nos systèmes en équilibre, encore appelé homéostasie.

Le compartiment cellulaire de cette immunité comporte deux grands groupes qui coopèrent entre  eux :

  • L’immunité innée ou rapide
  • L’immunité acquise ou adaptative.

L’immunité innée ou rapide

C’est notre première ligne de défense, une immunité très ancienne présente chez tous les êtres vivants. Elle est active immédiatement dès qu’un danger se présente dans l’organisme. Elle réalise un ensemble de réactions automatiques et stéréotypée,  toujours le même qui produit  de l’inflammation dont nous connaissons les manifestations extérieures : rougeur, douleur, œdème, chaleur qui peut se manifester par de la fièvre. Parfois cette inflammation est plus silencieuse et ne donne pas de signe clinique et n’est identifiable que par des tests biologiques comme la C Réactive Protéine(CRP).

Ce compartiment  de l’immunité contient des cellules qui patrouillent dans le sang et les tissus et sont capables de tuer ou d’engloutir (phagocyter ) les intrus ayant pénétré dans l’organisme. Ces cellules communiquent avec des médiateurs chimiques.

Les globules blancs polynucléaires ou granulocytes sont composés par les polynucléaires neutrophiles ( PNN), les polynucléaires basophiles ( PBa) et éosinophiles ( PEo).

Les PBa détectent les intrus ayant pénétré dans les tissus et produisent de l’histamine en réaction ; L’histamine  entraine la dilatation des vaisseaux (œdème), ce qui permet permettre aux PNN d’arriver dans le tissu « attaqué ». Les PNN  sont capables de produire des bouffées de radicaux libres qui sont toxiques dans le but d’éliminer l’intrus. Ils vont aussi l’engloutir. Lorsqu’il y a beaucoup de PNN accumulés  en un endroit, cela est visible comme du pus.

D’autres groupes cellulaires importants participent également à la défense contre les dangers. Ce sont :

les macrophages ou cellules-éboueurs qui engloutissent les intrus pour les éliminer. Mais ils sont aussi capables d’engloutir les débris cellules mortes, les cellules mal formées, des cellules cancéreuses…

les cellules dendritiques patrouillent dans les tissus : elles sont capables de reconnaitre les intrus, de les engloutir puis d’aller les présenter aux cellules appelées lymphocytes pour aboutir à la production d’anticorps.

Les cellules NK ou Natural killer, cellules tueuses, patrouillent dans le sang.  On les compte dans le groupe  » lymphocytes » lors de la numération sanguine. Elles sont capables de tuer les microbes, les cellules anormales, les cellules cancéreuses.

Toutes ces cellules travaillent de concert pour éliminer les dangers ; Une fois le danger supprimé, elles vont participer à la reconstruction du tissu qui a été abimé.  Elles stimulent la croissance des cellules souches de ce tissu qui se multiplient pour remplacer les cellules qui ont été abimées. Ce sont encore les cellules immunitaires qui coordonnent la maturation de ces cellules jusqu’à leur état mature que l’on appelle différencié.

L’immunité acquise

C’est réalisé par des cellules dont l’action s’est progressivement adaptée depuis la naissance aux dangers que nous avons rencontré depuis notre naissance . Nous ne naissons  pas avec contrairement à l’immunité acquise, nous la construisons au fur et à mesure du temps.

Ce compartiment contient  des :

  • lymphocytes T parmi lesquels, les lymphocytes T helpers qui stimulent l’action des lymhocytes B , les lymphoxytes cytotoxiques capables de détruire les cellules anormales.
  • lymphocytes B qui sont capables de produire des anticorps

L’action de l’immunité acquise est moins immédiate. Elle dépend de l’immunité innée qui lui présente des débris d’intrus qui auront été digérés par les cellules dendritiques.

Les lymphocytes ont une capacité de mémoriser la rencontre avec un danger. Ils ont une mémoire qui leur permet d’être plus efficace, si le danger vient à se reproduire.

CHIMIOTHERAPIE et IMMUNITE

Au cours des chimiothérapies ou d’autres traitement anti cancéreux, on peut observer des diminutions des globules blancs : les polynucléaires neutrophiles, mais aussi de lymphocytes et monocytes. La baisse de leur nombre est moins bruyante que ce que l’on observe avec les PNN. Elle s’aggrave progressivement de cures en cures et leur nombre peut devenir dans le temps extrêmement faible.

  • Que devient défense immunitaire dans un tel contexte ?
  • Quelle est la capacité à éliminer les cellules anormales lorsque les lymphocytes sont effondrés ?
  • Comment se réalise la réparation tissulaire dans ce contexte ?

D’autres thérapies anti-cancéreuses sont également capable de faire baisser le pool de lymphocytes circulants. Les thérapies ciblées, certaines immunothérapies le peuvent également.

La diminution des lymphocytes peut parfois être considérable comme figuré ci-dessous :

Effondrement lymphocytaire au cours d’une thérapie anti cancéreuse

L’IMMUNONUTRITION

Un équilibre est à trouver au cours de la réalisation des traitements cytotoxiques  pour limiter les effets toxiques et obtenir une efficacité. Cet équilibre est important pour maintenir les capacités de réparation tissulaire à laquelle participent les cellules immunitaires, en particulier les cellules de l’immunité innée.

L’immuno-nutrition participe au soutien des cellules immunitaires. C’est un support pour limiter l’épuisement des cellules immunitaires qui peut s’aggraver au cours des chimiothérapies pour leur permettre de maintenir leur action de défense immunitaire protégeant contre les infections ainsi que leur capacité à être des piliers de la réparation tissulaire.

Pour plus d’information retrouvez notre formation de base « Métabolisme Cancer Maladies Chroniques » et en particulier son chapitre « Comprendre l’Homéostasie et le stress cellulaire ».

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